La Gendarmerie place les RPS sous haute surveillance

27 fév 2022

En 2013, la Gendarmerie nationale a entrepris une démarche de prévention des RPS avec l’aide de l’Anact. Une formation du personnel à l’analyse des situations à risques a été déployée, couplée à un questionnaire relatif à la « qualité de vie au travail » adressé à 25 000 agents. L'ensemble est venu nourrir un plan d’action général.

Gendarmes_RPS

« L’institution, comme toutes les grandes entreprises, devait s’adapter aux évolutions de la société, elle doit aujourd’hui relever de nouveaux défis dans un contexte de contraintes économiques et d’attente grandissante des personnels en matière de qualité de vie au travail », affirme le capitaine Grégory Clinchamps, psychologue du travail et des organisations, et secrétaire général de la Commission nationale de prévention (CNP).

Pour servir cette ambition, le directeur général de la Gendarmerie nationale a décidé en 2013 de lancer une réflexion sur les risques psychosociaux. L’objectif : appliquer des mesures préventives adaptées pour supprimer ou réduire l’exposition des personnels aux RPS. « Il fallait une méthodologie adaptée à notre organisation territoriale, pour s’assurer que l’éventail des situations à risques soit identifié, et que tous les  personnels soient bien impliqués », relève le capitaine Clinchamps. Outre la présence du réseau Anact-Aract, une coordination et un accompagnement sont mis en place au niveau central par la CNP afin d’assurer la cohérence nationale de cette démarche.

Cartographier les risques

Une réflexion menée sur les situations à risques présentes au sein de la Gendarmerie nationale dessine une première cartographie : exposition des personnels à des situations à fort impact émotionnel (confrontation à la misère, à la détresse, à la mort), diversification des corps et statuts (enjeux d’intégration, craintes d’atteinte à l’identité professionnelle, sentiment d’inégalité de traitement et de reconnaissance...), conciliation vie privée/vie professionnelle (évolutions des attentes institutionnelles et sociétales).

Des comités de pilotage (Copil) paritaires et représentatifs ont été constitués dans chacune des 52 formations et organisations de la Gendarmerie pour piloter la démarche au niveau local et s’assurer de sa mise en place. « L’avantage de travailler avec l’Anact est qu’elle est constituée en réseau réparti sur l’ensemble du territoire et l’outremer, ce qui assure un accompagnement et un suivi locaux », indique le capitaine Clinchamps.

Former les agents

« Notre priorité s’est tout de suite axée sur de la formation-action afin que les personnels membres de Copil puissent devenir des acteurs de la démarche et participer activement à l’identification des situations professionnelles fragilisantes », poursuit-il. Près de 300 personnes ont ainsi été formées à une méthodologie d’analyse collective des situations de travail. Parallèlement aux travaux engagés au niveau local, un questionnaire relatif à la « qualité de vie et des conditions de travail » a été adressé à 25 000 agents.

Les résultats issus de cette enquête ont permis d’orienter les travaux des Copil et de les conforter dans les premières réflexions amorcées au niveau local », souligne le capitaine Clinchamps. L’état des lieux des RPS a été réalisé à la fin 2015 afin de pouvoir proposer les plans d’action et les intégrer aux documents uniques. Les instances de pilotage de la démarche ont été pérennisées afin d'assurer la mise en place et le suivi du plan de prévention des RPS sur le long terme.

 

LE DEPLOIEMENT DE LA DÉMARCHE OUTRE-MER
Lieutenante Vanessa Bosserelle, psychologue clinicienne du commandement de la Gendarmerie outre-mer, coordonne le plan de prévention des RPS pour l’outre-mer.

"Le fort taux de réponse au questionnaire sur les conditions de travail traduit une réelle implication des personnels. La charge de travail est ressentie ici comme plus lourde qu’en métropole, il existe des problématiques liées à l’insularité et l’éloignement familial, etc. L’idée est de partir de ce questionnaire pour que les personnes formées par l’Anact mènent ensuite des entretiens. Celles-ci étaient très demandeuses de formation, conscientes de l’importance de bien travailler sur la prévention des RPS. Les entretiens n’ont en aucun cas une visée thérapeutique. Il s’agit de recueillir les données sur le terrain, par la suite rendues anonymes, pour que les Copil traitent bien de problématiques collectives."

 

---------------

GENDARMERIE NATIONALE
Secteur : gendarmerie nationale
Activité : sûreté et défense nationale
Effectif : 100 000 personnes

En savoir plus sur la prévention au sein de la Gendarmerie nationale

 

------------------------

Ce retour d’expérience est issu du n°359 de la revue Travail & changement publiée par l’Anact en 2015 « Conditions de travail et performance des organisations publiques ». [Télécharger la revue]

Crédit photo : site officiel de la Gendarmerie nationale

Lire aussi

01 déc 2022

A l'université de Limoges, une politique RH qui dépasse la simple gestion statutaire des agents

L’université de Limoges met la prévention des risques psychosociaux et l’organisation du travail...

Lire la suite
16 oct 2023

À l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP, des espaces de dialogue sur le travail pour s'attaquer au turn-over

Confronté en 2019 à un turn-over élevé du personnel soignant, le professeur Antoine Monsel...

Lire la suite