QVCT : le service de réanimation de l’hôpital Louis-Mourier AP-HP expérimente les espaces de dialogue sur le travail

Comme le rappelle le professeur Ricard, le contexte actuel caractérisé par un manque de personnel, des fermetures de lits et une activité très importante, augmente les tensions au sein des services hospitaliers. Or, si dans un service de réanimation on a l’habitude de réguler à chaud pour régler l’urgence, on a rarement le temps de se poser pour s’attaquer aux problèmes de fond : « il n’y avait pas de temps dédiés pour une réflexion sur le travail au sens propre de ce terme ».

Aussi, lorsque le département médico-universitaire ESPRIT qu’il dirige a été sollicité par le groupe hospitalo-universitaire pour faire partie d’une expérimentation pilote sur la mise en place de nouveaux espaces de dialogue professionnel impulsée par l'AP-HP, il a donné son accord.

Ces espaces de discussion sont destinés à évoquer ce qui empêche les personnels de faire un travail de qualité, et de réfléchir ensemble aux solutions à trouver. Comme le précise une cadre de santé, "cela permet de ne pas attendre un ou deux mois la prochaine réunion de service pour pouvoir en discuter et apporter des améliorations". Il s’agit d’un temps ou les situations de tension vécues individuellement ou collectivement peuvent également être désamorcées.

Plus concrètement, les réunions sont l’occasion de traiter les sujets qui sont remontés directement des soignants vers l’encadrement médical ou paramédical, qui anime conjointement les séances d’EDT. Avec pour objectif de déboucher sur un plan d'action. Comme le précise un cadre de santé, « les actions correctives vont également venir de leur part, c’est eux, les plus proches du terrain, qui vont souvent apporter les solutions ». Par exemple, un tableau a été mis en place dans le service pour savoir quel infirmier, aide-soignant, interne et externe prend en charge quel patient. Ceci afin de mieux communiquer sur les entrées, ou savoir qui l’on doit aller voir s’il y a par exemple un soin ou un traitement à faire dans une chambre.

Coté infirmiers, on évoque les sujets qui reviennent souvent : « ça va être l’organisation, le relationnel entre les collègues, les relations entre les médecins, les infirmiers et les soignants parce que c’est un travail que l’on fait tous ensemble, et donc c’est toujours bien d’avoir une bonne entente entre les uns et les autres ».

Pour le chef de service hospitalier, il y avait besoin d’un temps sanctuarisé où tous les problèmes peuvent être abordés. Besoin aussi de décloisonner les interactions entre les différents professionnels. " Ces espaces permettent vraiment d'aller au fond des choses, parce qu'on y passe une heure, voire une heure et demie, de façon à ce que les solutions qui sont trouvées soient durables et soient appliquées et acceptées par tous." Les espaces de dialogue sur le travail « constituent un levier pour améliorer la qualité du travail, et donc la qualité de vie au travail, et ce quelle que soit la discipline » précise le professeur Ricard. Ils ont donc tout intérêt à être étendus à l'ensemble des services d’un hôpital.

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_{Crédits photo et vidéo : ©Direction de la communication et du mécénat de l’AP-HP}